Françaises, Français,
Mes chers compatriotes, l’incendie de Notre-Dame de Paris a profondément atteint dans leur esprit, dans leur cœur les Parisiens, les Français et le monde entier.
Cette nuit, nous sommes entrés dans cette cathédrale qui est celle de tout un peuple et de son histoire millénaire. Le feu venait d’être vaincu à peine. Les pompiers avaient arrêté l’incendie en prenant les risques les plus extrêmes et ils étaient là, autour de nous, avec leurs chefs, explorant les toitures dévastées. Ils avaient 20 ou 25 ans et venaient de tous les endroits de France, de tous les milieux mais ce que nous avons vu cette nuit ensemble à Paris c’est cette capacité de nous mobiliser, nous unir pour vaincre. Au cours de notre histoire, nous avons bâti des villes, des ports, des églises. Beaucoup ont brûlé ou ont été détruites par les guerres, les révolutions ou les fautes des hommes. A chaque fois, à chaque fois, nous les avons reconstruites.
L’incendie de Notre-Dame nous rappelle que notre histoire ne s’arrête jamais, jamais et que nous aurons toujours des épreuves à surmonter et que ce que nous croyons, en quelque sorte, indestructible peut aussi être atteint. Tout ce qui fait la France matérielle et spirituelle est vivant et, pour cette raison même, est fragile et nous ne devons pas l’oublier. Et c’est à nous les Françaises et les Français d’aujourd’hui qu’il revient d’assurer au long du temps cette grande continuité qui fait la nation française et c’est pour cela que ce soir je voulais de manière directe m’adresser à vous parce que c’est notre devoir aujourd’hui et c’est celui qu’il nous faut avoir en tête, rien de moins.
Je reviendrai vers vous comme je m’y étais engagé dans les jours prochains pour que nous puissions agir collectivement suite à notre grand débat mais ça n’est pas le temps aujourd’hui. Demain la politique et ses tumultes reprendront leur droit, nous le savons tous, mais le moment n’est pas encore venu. Souvenons-nous plutôt de ces dernières heures. Hier soir, cette nuit, ce matin, chacun a donné ce qu’il avait. Les pompiers ont combattu au péril de leur vie avec héroïsme. Les policiers, les soignants étaient là, comme à chaque fois. Les Parisiens se sont réconfortés. Les Français ont tremblé, émus. Les étrangers ont pleuré. Les journalistes ont écrit, les écrivains ont rêvé, les photographes ont montré au monde ces images terribles. Des riches comme des moins riches ont donné de l’argent. Au fond, chacun a donné ce qu’il a pu, chacun à sa place, chacun dans son rôle, et je vous le dis ce soir avec force nous sommes ce peuple de bâtisseurs. Nous avons tant à reconstruire. Alors oui, nous rebâtirons la cathédrale Notre-Dame plus belle encore, et je veux que cela soit achevé d’ici 5 années. Nous le pouvons, et là aussi, nous mobiliserons. Après le temps de l’épreuve viendra celui de la réflexion, puis celui de l’action, mais ne les mélangeons pas.
Ne nous laissons pas prendre au piège de la hâte.
J’entends, comme vous, je sais toutes les pressions. Je sais, en quelque sorte, l’espèce de fausse impatience qui voudrait qu’il faille réagir à chaque instant, pouvoir dire les annonces qui étaient prévues à telle date, comme si être à la tête d’un pays n’était qu’administrer des choses, et pas être conscient de notre histoire, du temps des femmes et des hommes. Je crois très profondément qu’il nous revient de changer cette catastrophe en occasion de devenir tous ensemble, en ayant profondément réfléchi à ce que nous avons été et à ce que nous avons à être, devenir meilleurs que nous ne le sommes. Il nous revient de retrouver le fil de notre projet national, celui qui nous a fait, qui nous unit, un projet humain, passionnément français.
Françaises, Français et vous tous, étrangers qui aimez la France et qui aimez Paris, je veux vous dire ce soir que je partage votre douleur, mais je partage aussi votre espérance. Nous avons maintenant à faire. Nous agirons et nous réussirons. Vive la République et vive la France.