Elu président de l’Argentine en 1946, dans le prolongement du coup d’Etat militaire de 1943, Juan Perón, a gouverné le pays presque dix ans – avec son épouse Eva, devenue une véritable icône – avant d’être renversé et condamné à l’exil. Mais le président déchu, resté extraordinairement populaire, a continué, depuis l’exil, de peser sur la politique de son pays jusqu’à être réélu presque vingt ans plus tard. Le modèle qu’il instaure, une forme d’autorité militaire, un charisme personnel de Lider allié à celui d’Eva, menant une politique sociale déterminée qui s’appuie sur un syndicalisme fort, semble longtemps à toute épreuve. Au point que ses successeurs ne pourront prendre le pouvoir sans s’en référer à lui – même lorsqu’ils s’en éloigneront.
Le péronisme reste la clé de la politique argentine. Alain Rouquié raconte Perón – et Eva –, le péronisme après Perón, et en vient naturellement à analyser celui-ci comme un modèle politique, alliant autorité et démocratie, syndicalisme et absence de liberté de parole, nationalisme et politique économique d’ouverture. A y regarder de plus près, de nombreux régimes contemporains semblent bâtis sur ce modèle et y trouver une stabilité : Le Vénézuela de Chávez, La Turquie d’Erdogan, la Russie de Poutine, la Thaïlande de Thaksin, l’Egypte de Sissi…
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