Messieurs les Présidents,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
En ce jour où je prends possession de la plus haute charge, je pense à ces millions et ces millions de femmes et d’hommes, ferment de notre peuple qui, deux siècles durant, dans la paix et la guerre, par le travail et par le sang, ont façonné l’Histoire de France, sans y avoir accès autrement que par de brèves et glorieuses fractures de notre société.
C’est en leur nom d’abord que je parle, fidèle à l’enseignement de Jaurès, alors que, troisième étape d’un long cheminement, après le Front populaire et la Libération, la majorité politique des Français démocratiquement exprimée vient de s’identifier à sa majorité sociale.
Il est dans la nature d’une grande nation de concevoir de grands desseins. Dans le monde d’aujourd’hui, quelle plus haute exigence pour notre pays que de réaliser la nouvelle alliance du socialisme et de la liberté, quelle plus belle ambition que l’offrir au monde de demain ?
C’est, en tout cas, l’idée que je m’en fais et la volonté qui me porte, assuré qu’il ne peut y avoir d’ordre et de sécurité là où règnerait l’injustice, gouvernerait l’intolérance. C’est convaincre qui m’importe et non vaincre.
Il n’y a eu qu’un vainqueur le 10 mai 1981, c’est l’espoir. Puisse-t-il devenir la chose de France la mieux partagée ! Pour cela j’avancerai sans jamais me lasser sur le chemin du pluralisme, confrontation des différences dans le respect d’autrui. Président de tous les Français, je veux les rassembler pour les grandes causes qui nous attendent et créer en toutes circonstances les conditions d’une véritable communauté nationale.
J’adresse mes voeux personnels à M. Valéry Giscard d’Estaing. Mais ce n’est pas seulement d’un homme à l’autre que s’effectue cette passation de pouvoirs, c’est tout un peuple qui doit se sentir appelé à exercer les pouvoirs qui sont, en vérité, les siens.
De même si nous projetons notre regard hors de nos frontières, comment ne pas mesurer le poids des rivalités d’intérêts et les risques que font peser sur la paix de multiples affrontements. La France aura à dire avec force qu’il ne saurait y avoir de véritable communauté internationale tant que les deux tiers de la Planète continueront d’échanger leurs hommes et leurs biens contre la faim et le mépris.
Une France juste et solidaire qui entend vivre en paix avec tous peut éclairer la marche de l’humanité. A cette fin, elle doit d’abord compter sur elle-même. J’en appelle ici à tous ceux qui ont choisi de servir l’Etat. Je compte sur le concours de leur intelligence, de leur expérience et de leur dévouement.
A toutes les Françaises et à tous les Français, au-delà de cette salle, je dis ayons confiance et foi dans l’avenir.
Vive la République.
Vive la France !