Messieurs les Présidents,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
De ce jour, date une ère nouvelle de la politique française. Ceci n’est pas seulement dû, M. le président du Conseil Constitutionnel, à la proclamation du résultat que vous venez de rappeler et dont, par respect pour la France et pour sa longue histoire, je mesure l’honneur. Ceci n’est pas seulement dû aux 13 396 203 femmes et hommes qui m’ont fait la confiance de me désigner pour devenir le vingtième Président de la République française. Ceci est dû en réalité à la totalité des suffrages du 19 mai 1974. Ces suffrages égaux selon la règle démocratique qu’il s’agisse de ceux des femmes et des hommes, des jeunes et des moins jeunes, des travailleurs et des inactifs, et qui se sont prononcés chacun à leur manière et selon leur préférence en témoignant leur volonté de changement.
J’adresse le premier salut du nouveau Président de la République à ceux qui dans cette compétition aspiraient à le devenir et qui avaient la capacité de le faire et notamment M. François Mitterrand et M. Jacques Chaban-Delmas. Ainsi c’est moi qui conduirait le changement, mais je ne le conduirai pas seul. Si j’entends assumer pleinement la tâche de Président, et si j’accepte, à cet égard, les responsabilités qu’une telle attitude implique, l’action à entreprendre associera le gouvernement dans ses initiatives et le Parlement dans son contrôle et dans ses droits. Je ne le conduirai pas seul parce que j’écoute et que j’entends encore l’immense rumeur du peuple français qui nous a demandé le changement. Nous ferons ce changement avec lui, pour lui, tel qu’il est dans son nombre et dans sa diversité, et nous le conduirons en particulier avec sa jeunesse qui porte comme des torches la gaieté et l’avenir.
Messieurs les présidents, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, voici que s’ouvre le livre du temps avec le vertige de ses pages blanches. Ensemble comme un grand peuple uni et fraternel abordons l’ère nouvelle de la politique française