FRANÇOIS HOLLANDE
Mes chers compatriotes,
Aujourd’hui, la France a été attaquée en son cÅ“ur, à Paris, dans les locaux-mêmes d’un journal. Cette fusillade d’une violence extrême a tué douze personnes et en a blessé plusieurs. Des dessinateurs de grand talent, des chroniqueurs courageux sont morts. Ils avaient marqué par leur influence, par leur insolence, par leur indépendance des générations et des générations de Français. Je veux ici leur dire que ce message de la liberté, nous continuerons à le défendre en leur nom.
Ce lâche attentat a également tué deux policiers, ceux-là mêmes qui étaient chargés de protéger CHARLIE HEBDO et la rédaction de ce journal, qui était menacée depuis des années par l’obscurantisme et qui défendait la liberté d’expression.
Ces hommes, cette femme, sont morts pour l’idée qu’ils se faisaient de la France, c’est-à-dire la liberté. Je veux ici en votre nom, dire toute notre reconnaissance aux familles, aux éprouvés, aux blessés, aux proches, à tous ceux qui sont aujourd’hui meurtris dans leur chair par ce lâche assassinat. Ce sont aujourd’hui nos héros et c’est pourquoi demain sera une journée de deuil national. Je l’ai décrétée. Il y aura à douze heures un moment de recueillement dans tous les services publics et j’invite toute la population à s’y associer. Les drapeaux seront en berne trois jours.
Aujourd’hui, c’est la République toute entière qui a été agressée. La République, c’est la liberté d’expression. La République, c’est la culture, c’est la création, c’est le pluralisme, c’est la démocratie. C’est cela qui était visé par les assassins. C’est l’idéal de justice et de paix que la France porte partout sur la scène internationale et ce message de paix, de tolérance que nous défendons aussi à travers nos soldats pour lutter contre le terrorisme et le fondamentalisme.
La France a reçu des messages de solidarité et de fraternité du monde entier et nous devons en prendre toute la mesure. Nous devons répondre à la hauteur du crime qui nous frappe, d’abord en recherchant les auteurs de cette infamie et faire en sorte qu’ils puissent être arrêtés, puis ensuite jugés et punis très sévèrement. Tout sera fait pour les appréhender. Aujourd’hui, l’enquête avance sous l’autorité de la justice.
Nous devons aussi protéger tous les lieux publics et le gouvernement a mis en place ce que l’on appelle le plan Vigipirate Attentat, c’est-à-dire que des forces de sécurité vont être déployées partout, là où il peut y avoir le début d’une menace.
Enfin, nous devons être nous-mêmes conscients que notre meilleure arme, c’est notre unité, l’unité de tous nos concitoyens face à cette épreuve. Rien ne peut nous diviser, rien ne doit nous opposer, rien ne doit nous séparer. Demain, je réunirai les présidents des deux assemblées ainsi que les forces représentées au Parlement pour montrer notre commune détermination.
La France est grande quand elle est capable dans une épreuve de se mettre au meilleur niveau, c’est-à-dire à son niveau, le niveau qui a toujours fait que la France a pu surmonter des épreuves. La liberté sera toujours plus forte que la barbarie. La France a toujours vaincu ses ennemis quand elle a su justement faire bloc autour de ses valeurs. C’est ce que je vous invite à faire. Le rassemblement, le rassemblement de tous, sous toutes ses formes, voilà ce qui doit être notre réponse.
Rassemblons-nous face à cette épreuve. Nous gagnerons car nous avons toutes les capacités de croire en notre destin et rien ne pourra nous faire fléchir de la détermination qui est la nôtre.
Rassemblons-nous.
Vive la République et vive la France !