Soldats de ma vieille Garde,
Je vous fais mes adieux.
Depuis vingt ans, je vous ai trouvés constamment sur le chemin de l’honneur et de la gloire. Dans ces derniers temps, comme dans ceux de notre prospérité, vous n’avez cessé d’être des modèles de bravoure et de fidélité.
Avec des hommes tels que vous, notre cause n’était pas perdue. Mais la guerre était interminable ; c’eut été la guerre civile, et la France n’en serait devenue que plus malheureuse. J’ai donc sacrifié tous nos intérêts à ceux de la patrie ; je pars. Vous, mes amis, continuez de servir la France.
Son bonheur était mon unique pensée ; il sera toujours l’objet de mes voeux ! Ne plaignez pas mon sort ; si j’ai consenti à me survivre, c’est pour servir encore à notre gloire ; je veux écrire les grandes choses que nous avons faites ensemble !
Adieu, mes enfants ! je voudrais vous presser tous sur mon coeur ; que j’embrasse au moins votre drapeau !
[Après avoir serré dans ses bras le général Petit, et embrassé le drapeau, Napoléon reprend :]
Adieu encore une fois, mes vieux compagnons !
Que ce dernier baiser passe dans vos coeurs !